Tim Trenson est un peintre-dessinateur. Tout au long de sa vie, il a accumulé dans des carnets des générations de formes, de petits bonshommes et de figures-objets qui forment aujourd’hui une tribu qui caracole de tableau en tableau. Une tribu d’enfants bruyants, cousins éloignés ou sœurs jumelles, souvent drôles, parfois sauvages, dansant la techno dans les bois ou tapant sur des ferrailles dans des terrains vagues.

Tim les connait bien. Comme tous les gamins, ils sont parfois collants, parfois distants… alors Tim en profite. Pour explorer les espaces et le temps qu’il traverse et y cueillir des traces et des textures. Pour s’explorer l’intérieur du ventre et du crâne et en sortir de quoi jeter la couleur et l’énergie sur la toile ou le carton. Pour explorer l’atelier, tester les outils qui changent les épaisseurs et la fluidité.

Quand il a fini, il laisse entrer les marmots (parfois, ils étaient déjà là, cachés derrière un aplat de couleur, quelque part dans les profondeurs).

Quand tout va bien, Tim Trenson sort de lui, va au-delà. D’abord c’est le bazar. Le chaos. Parfois même, il casse tout. Puis, couleurs et textures et graphiques et formes, tout le monde trouve sa place. Ça peut prendre du temps, des heures ou des mois, mais au bout du compte émerge un décor : on s’y promène de long en large et d’avant en dedans. La tension est palpable, puis, là, derrière une rugosité graphique qui crisse sur une couleur qui crie, soudain, la smala des petites figures vous fait un croche-pattes,  cligne d’un œil, ponctue d’une virgule, fume un peu. Et c’est comme un cadeau, un ouf, un hochement de tête accompagné d’un sourire en coin. Respiration.

Tim Trenson alors, donne un nom à ses œuvres. Une dimension encore. La musique écoutée, l’idée fugace qui vient d’ailleurs, proposent un autre regard. Mais en nommant il rit, Tim, sous cape peut-être, jaune parfois, mais c’est un rire qui vient de la spontanéité retrouvée, de l’absurde naissant, et de la légèreté qui touche à la joie.

La peinture de Tim vous jette à la face la chaleur des grandes tristesses et l’humour qui sauve quand on marche sur un clou. Ça brûle, on sourit mais ça brûle. Mais on sourit.

Laurence Baud’huin, 2024

L'ABSTRACTION ARTISANALE DE TIM TRENSON

Tim Trenson a toujours assimilé l'acte de dessiner à sa peinture. Pour lui, le dessin est une entreprise compliquée, qui prend du temps et qui est indépendante. Tout comme ses peintures montrent la nature incertaine de son langage formel exubérant. Il construit ses peintures en dessinant avec un pinceau grossier, couche par couche. Tantôt prudent et réfléchi, tantôt téméraire et irréfléchi.

Trenson réalise des œuvres qui ne sont pas entièrement abstraites. Lorsqu'il évoque des éléments reconnaissables dans son œuvre, il préfère le mot figuration à celui de représentation. Nous reconnaissons peut-être un corps ou un intérieur, mais souvent nous n'en avons que l'idée.

L'aspect le plus important est sa préoccupation pour la question de la priorité. La couleur d'abord ou la forme d'abord ? La figure ou le coup de pinceau ? Les œuvres de Trenson représentent à la fois la présence et l'absence. Ce sont des œuvres apparemment nerveuses avec une forte dose de psychologie. Ce sont des peintures qui se font plaisir en regardant.

Fred Michiels, Tamines 2020

 
 

Tim Trenson (1966, Asse, Belgique) vit et travaille à Bruxelles. Master en film d'animation (1989) à la KASK de Gand. Bachelor en peinture (2018) de l'ABKA Anderlecht.